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Du bruxisme à la maîtrise du souffle.

Vous vous demandez certainement comment j'en suis arrivé à m'intéresser au souffle... en partant du bruxisme ?


L'inspiration sonore : Wanderer - Mogli


Je vais vous parler à coeur ouvert.

Ce parcours n'est pas le fruit d'un hasard, mais d'une longue exploration.

De par ma spécialité en maxillo faciale, j'ai toujours été et je le suis encore, passionné par ce que la mâchoire a à nous dire.
Chaque patient que je reçois a une histoire à raconter.
Chaque trouble de mâchoire est le résultat d'une accumulation d'histoire.
Chaque bruxisme a son background.

Et au delà du stress, souvent annoncé comme coupable, c'est l'histoire du patient et sa perception qui sont responsables.

J'ai longtemps eu une approche très classique, mêlant exercices, thérapie manuelle, posturale et éducation thérapeutique.
J'ai eu de bons résultats, cela pouvait suffire... et parfois ca ne l'était pas.

Cependant, Il restait toujours cette histoire en suspens.

Un symptôme physique d'un trouble plus psychique, plus profond.

On ne serre pas les dents par plaisir.

On ne fait pas du bruxisme volontairement.

Notre bouche est un de nos pouvoirs d'expression.

De libération.

Toute ces paroles retenues.

Toutes ces émotions refoulés.

Toutes ces peurs non exprimées.

Vont se traduire par un comportement naturel de notre corps : serrer les dents.

L'intelligence du corps se met alors en action pour nous protéger.

Mais sans l'écouter, elle se fatigue, et ne sait plus s'adapter.

Émerge alors le symptôme que nous connaissons tous : la souffrance.

C'est là que l'approche mécanique et symptomatique trouve ses limites.

Comment aider ces patients, sans dépasser le cadre de mes compétences ?

Mon objectif, était de trouver un outil permettant un travail en profondeur.

Et quand je parle de profondeur, c'est un travail de toute les dimensions de l'individu.

Un travail du corps, de l'esprit... du cerveau et de l'âme.

La première dimension est celle du Corps. De l'aspect physique et matériel.

Notre faculté à serrer les dents est déterminante pour notre survie.
La sphère orofaciale détient à elle seule tous les comportements fonctionnels qui nous permettent de vire:
Manger.
Respirer.
Parler.

Rappelons nous que le bruxisme est avant tout la contraction involontaire des muscles (élévateurs) de la mâchoire.
Lors que nous mastiquons, nous ne faisons pas attention à la façon dont nous le faisons. Nous nous remettons à l'intelligence du corps et au conditionnement acquis à l'âge enfant.

Il en va de même pour parler. L'interaction sociale que nous avons d'individu à individu est une des spécificités de l'espèce humaine.

Le langage que nous avons acquis fait de l'Humanité un animal hors du commun.

Quant est il de respirer ? Que cela soit par le nez , ou par la bouche, nous avons tous besoin de respirer.
Chaque milliseconde, c'est tout notre organisme qui respire, nos organes, nos cellules, nos mitochondris, convertissant l'énergie naturel en énergie chimique : l'ATP.


Vient ensuite la dimension de l'esprit, notre mental et notre intellect. Je l'associe principalement à la perception.

J'entends régulièrement en consultation : je fais du bruxisme car je suis trop stressé.
Je pense que la question n'est pas de savoir si la personne est stressé car il y en aura toujours dans une vie.

L'homme sans stress s'en remettra totalement à l'univers, rejetant sa responsabilité et finira par avoir un accident.

Le problème n'est pas le stress en lui même, mais l'individu qui ne prends pas sa responsabilité.

Car c'est une histoire de perception.

Vivre une vie sans stress, c'est vivre sans dynamisme, dans une inertie morbide.

J'aime parler de stimulations plutôt que de stress, dû à la représentation mentale que cela peut engendrer.
Voir le stress comme une simple stimulation nous avertissant que quelque chose va ou s'est déjà produite.

Rien de plus.

Cette vision permet de garder une clarté d'esprit, un recul indispensable pour entrevoir la solution et ne pas être accroché au problème.


Le vaisseau de notre esprit est à mon sens notre cerveau, ce qui nous a emmène à la dimension cérébrale.

Le réflexe de serrer les dents est un phénomène naturel, protecteur, commandé par notre cerveau.
Nous ne pouvons pas nous en défaire, car il fait partie intégrante de notre fonctionnement et de notre survie.
L'innervation de notre mâchoire est relié à un système complexe du cerveau mais que je résume en plusieurs sous système :
le cerveau émotionnel : stress, perception, traitement de l'information et mémoire.
un système sensoriel : vue, ouïe, odorat
un système hormonal : dopamine, sérotonine, cortisol, corticolibérine
système du sommeil.

Le fonctionnement de ces différents systèmes s'accompagne de l'acte de contraction des muscles masticateurs.


Et finalement, la Dimension de l'âme. Berceau de notre Nature.

C'est pour moi la dimension finale. Un peu comme si c'était le niveau final d'un jeu vidéo. Le dernier palier, la dernière épreuve.
Sauf que cela dure toute une vie.
J'ai écris un article sur la nuit noire de l'âme.

Une dimension non tangible, difficile à expliquer par des mots. Alors je vais tenter de vous exposer ma vision assez simpliste.

Je dirais que plonger dans cette dimension de l'âme, c'est se reconnecter à soi.
A son unicité, son humanité, sa raison d'être.
Certains parlent d'alignement esprit - corps.
L'âme est ce que nous rencontrons sur le chemin de cet alignement. Une rencontre avec qui nous somme réellement.
Imaginez le sigle de l'infini, son centre étant la conjoncture de ce mouvement perpétuel, là où tout se réuni et ne forme qu'un.
Ce sont nos conditionnements et toutes les impressions que nous absorbons, du passé du présent et du futur, et qui font de nous qui nous sommes aujourd'hui, notre identité...


Quelle est le lien avec le bruxisme et âme ?

Pour moi, lorsque nous nous éloignons du chemin, se déroule toute une cascade d'événements et de réactions, extérieurs mais également intérieurs.
De là peuvent émerger des émotions et des états intérieurs négatifs telles que la peur de la trahison, l'humiliation, l'abandon, l'injustice, la colère, la tristesse, la frustration.
Notre environnement se mue en réponse à cet état intérieur.
Et nous vivons dans une société qui freinent l'expression de ces états.
(Je suis de culture asiatique alors imaginez mon histoire. Je pense que la poker face, c'est un asiatique qui a dû l'inventer).

En mécanique quantique et dans le monde de la spiritualité, on qualifie ces émotions d'états énergétiques.
Sans expression, sans libération, il y a accumulation, avec comme verrou : une mâchoire qui se crispe.
Plus il y a une accumulation, plus la pression monte, et plus le verrou doit être solide pour contenir cette pression.

Oui mais alors, quoi faire ?

Si on suit le schéma cité plus haut, il faudrait faire sauter ce verrou.
Autrement dit : exprimer ce qui est enfoui en nous.

Se reconnecter à son essence intérieur, c'est pouvoir se rapprocher de qui nous sommes réellement, sans masque.
Dans cet état, nous retrouvons notre souveraineté intérieure.

Cette dimension de l'âme aura forcément un impact sur les 3 autres dimensions.

Imaginez que vous vous sentez sur le bon chemin, que vous viviez exactement ce que vous voulez, en accord avec vos valeurs, avec votre identité.

Pour suivre ce chemin, il n'y a pas d'autre choix que d'avoir un bon vaisseau : votre corps.
Être en bonne santé, avoir une physiologie saine, une bonne alimentation, un bon sommeil, de l'activité physique, bref, une bonne hygiène de vie, sont autant de composants pour que la dimension du corps soit complète.

Vient ensuite la dimension de l'esprit.
Changer sa perception du monde, pour ne plus subir.
Vivre en pleine conscience, vivre de manière inclusive, en responsabilité.
Conscient de ce que notre corps nous dit.
Des signaux de la vie.

Regarder et accepter ce que la vie nous offre ... et nous fait affronter.
Développer ce sens qu'est l'intéroception.
Maitriser l'art de l'introspection.

Le pouvoir de se recentrer sur soi... durablement.

C'est un élément d'une clé, ouvrant un passage vers une dimension beaucoup plus vaste.

Dans ce passage, se trouve la dimension du cerveau.
Ce système nerveux qui contrôle notre organisme, nos comportements, nos relations.
Cette magnifique intelligence qui ne cesse d'être exploré avec les neurosciences.
Évolution du vivant, origine de la suprématie de l'humain... et peut être de sa perte?

Dans cette dimension, on se rend compte que le lâcher prise est important.
Qu'il ne faut pas se concentrer sur le bruxisme en lui même, mais à la source.
Le comportement n'est que le résultat d'un conditionnement réflexe, codé, répété, jusqu'à devenir une part de nous même.

Une fois de plus, nous nous rapprochons de cette dimension de l'âme.
Celle d'un monde intérieur où toutes les parties de nous même ne font qu'un.
Une unicité retrouvée.
Où l'on s'autorise , où on embrasse sa part d'ombre et de lumière.

Son Yin et son Yang.

Pour rappel, le bruxisme est aussi bien notre bourreau... que notre protecteur.

Le rapprochement avec la respiration ?

Avec cette vision en tête, j'ai donc cherché ce qui me permettrait de voyager à travers ces différentes dimensions.

C'est là que le chemin de la pleine conscience, et ensuite du souffle s'est ouvert à moi.

La voie du souffle, c'est celle de la respiration consciente.

Nous avons besoin d'air pour vivre, c'est notre essence vitale.

Les yogiques l'ont compris bien avant la science moderne.
Les moines bouddhiques aussi.
Toutes les sagesses ancestrales ont fait de la respiration un outil de conscience, comme l'énergie permettant à notre corps de se mouvoir.

Le bruxisme va se retrouver chez les personnes figés dans le mode survie. Celui d'un système nerveux dérégulé.
À force d'activation de ce système nerveux (sympathique), il survient une modulation du cerveau, faisant intervenir la neuroplasticité cérébrale.

L'équilibre est alors rompu, le mode survie est maintenu.

On retrouve régulièrement ce cas chez les personnes en dépression, burn-out, syndrome d'anxiété ou post traumatique, mais il peut toucher en réalité n'importe qui.

Observez vos proches ou posez leur la question. Vous seriez étonné de voir le nombre de personnes qui sont dans ce mode. Et s'ils vous disent que tout va bien, observez les muscles de la mâchoire, les signaux de leur corps.

Le corps ne ment pas.

Dans ce contexte de dérégulation du système nerveux, le seul outil naturel que nous avons à disposition permettant de réguler, rapidement et de manière efficace notre système nerveux, est le souffle.

Elle est utilisée dans les théories polyvagal et dans tous ce qui est relaxation, sophrologie, hypnose, méditation.

Une stimulation expérimental du nerf Vagal a d'ailleurs montré un intérêt dans un possible traitement du bruxisme : diminution des épisodes de contractions, amélioration de la HRV (heart rate variability) 1

Mon constat est simple : on a besoin de programmer une séance, d'y aller et de faire la séance pendant un temps donné, pour pouvoir se donner un instant de pause ? Se recentrer ? Souffler dans la semaine frénétique ?

Mais quand est il de notre souffle.
Il est accessible là, maintenant, il suffit d'en avoir conscience.

Respirer consciemment, c'est vivre dans l'instant présent.
En dépit du passé, sans penser au futur.

Attention, je ne dénigre pas les disciplines citées plus haut, mon point est que nous avons déjà tout ce qu'il nous faut.

La technologie intérieur ne se créé pas, elle existe déjà.

La tendance New wave appelle cela le "Breathwork".
Un mot simple décrivant un outil aussi subtil que complexe.

Cette respiration, c'est la compétence qui selon moi est la plus efficiente.

En tant que spécialiste Maxillo faciale, j'apprends depuis des années à mes patients à respirer avec le nez.
Compétence physiologique et indispensable au bon développement des fonctions.
Dès le plus jeune âge, elle a son importance.

L'intérêt que je porte pour le breathwork n'a fait qu'évoluer mon approche, me permettant de comprendre plus en profondeur le souffle et sa puissance.

Respirer permet de créer un pont entre le corps et l'esprit.
L'oxygène étant la source d'énergie, nous améliorons nos performances sportives, et la récupération.

Leonardo Pelagotti prône le potentiel de la respiration nasale, je vous invite à regarder ce qu'il fait c'est très inspirant. Comme son site inspire potential.

De rentrer dans un état méditatif, améliorant par la suite notre sommeil et notre degré d'éveil.
De réguler le système nerveux.
De faire jouer la neuroplasticité.
De dialoguer avec son cerveau, cassant ses capacités de prédictions2.
De se dépasser, en sortant notre zone de confort3.
De nous reconnecter à notre essence, notre âme.

Bien évidemment, respirer par le nez est à la base d'une croissance harmonieuse, tant par ses implications mécaniques, physiologiques que par son incidence sur le cerveau et sur notre être.

Un simple exercice, répété, maitrisé qui apportent autant de bénéfices. Et aucun risque

Cela illustre bien le principe de Pareto, et je dirais même que elle dépasse ce principe (10/90 ?). Efficiente je vous disais.

En tout cas la promesse est belle.
Et elle est tenue pour quiconque s'aventure dans cette voie.

Encore une fois, il m'est très difficile de vous raconter tout ce que le souffle peut apporter car seul l'expérience peut le faire.

Mais j'espère avoir partager avec vous ma passion de cette discipline à travers ces longues lignes.

Vous savez tout.

Enfin... tout ce que les mots peuvent dire.

Car le souffle, ça se vit.
Ça se ressent.
Prêt pour cette aventure ?

Vous pouvez me rejoindre au Sanctuaire, un lieu d'échange, de partage et de guidage pour ceux qui sont en quête d'éveil, de maîtrise du souffle... et d'eux même.

Je rejoins le Sanctuaire
  1. Polini F, Budai R. Multimodal transcutaneous auricular vagus nerve stimulation: An option in the treatment of sleep bruxism in a "polyvagal" context. Cranio. 2024 Nov;42(6):779-787. doi: 10.1080/08869634.2022.2055866. Epub 2022 Mar 24. PMID: 35322755.
  2. Friston, K. (2010). The free-energy principle: A unified brain theory? Nature Reviews Neuroscience, 11(2), 127–138. https://doi.org/10.1038/nrn2787
  3. LeDoux, J. (2012). Rethinking the emotional brain. Neuron, 73(4), 653–676. https://doi.org/10.1016/j.neuron.2012.02.004