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Hypothèse : la respiration comme levier d'apaisement du bruxisme (raisonnement logique)

Une participante de Sanctuaire m'a posé la question suivante : "Etienne, je ne vois pas le rapport entre la respiration et le bruxisme ? en quoi cela va améliorer mes symptômes ?"

Spoiler alert : elle m'a déjà confié que son sommeil s'est amélioré et que ses symptômes (céphalées matinales entre autres) s'atténuent.

La réponse à cette question, me venais d'une intuition viscérale.

Un "je le sais, c'est sûr".

Mais peut on vivre en se fiant uniquement à son intuition ?

Je ne pense pas.

Alors je me suis dit qu'il fallait que j'apporte quelque chose de plus concret. Je vais donc exposer le déroulement de ma pensée et expliquer comment les neurosciences m'ont dirigé sur la respiration.

Mon raisonnement a été simple: en observant que le bruxisme survenait lors des micro-réveils, je me suis donc intéressé à la physiologie du sommeil et à ces "micro arousals", au système cérébral qui contrôle ces derniers.

Sachant que la respiration est un outil de modulation du système nerveux et inversement, mon hypothèse fut celle que vous connaissez :

Et si la respiration pouvait moduler le bruxisme ?

Le son du jour : https://open.spotify.com/intl-fr/track/3tcB32nXoEIlkYBKzrO3j5?si=611f1858f3df46e2


Le bruxisme, souvent perçu comme un simple trouble mécanique (je serre les dents ou je grince), est en réalité le reflet d’un déséquilibre plus profond du système nerveux central.

Ces dernières années, la recherche a montré que le bruxisme du sommeil n’est pas un mouvement réflexe isolé. Il s’inscrit dans une cascade neurophysiologique, activée lors de micro-éveils nocturnes, sous le contrôle d’un acteur central : le système réticulaire activateur ascendant (ARAS ou SRA).

Le rôle du SRA dans le bruxisme

Le SRA est un réseau neuronal du tronc cérébral qui régule notre niveau d’éveil, notre attention mais aussi notre tonus musculaire. Il joue un rôle crucial dans la coordination des réponses au stress et dans l’activation motrice liée aux phases d’éveil transitoire 1.

Or, plusieurs études montrent que les épisodes de bruxisme sont précédés par une activation du SRA, avec des modifications EEG, une hausse du rythme cardiaque et du tonus musculaire 2.


Le lien entre respiration et SRA

Ce que l’on sait moins, c’est que le SRA participe aussi à la régulation de la respiration. Des travaux anciens 3 comme récents ​4 montrent que la formation réticulée pontique et bulbaire (cœur du SRA) est impliquée dans la modulation du rythme respiratoire.

Et inversement, il est bien établi que la respiration volontaire (lente, nasale, abdominale) exerce une influence descendante sur les structures du tronc cérébral, via des afférences parasympathiques 5,6, notamment via le nerf Vague.

Alors voilà mon hypothèse : respirer pourrait permettre d'apaiser le réflexe de bruxisme.

Voici donc une hypothèse neurofonctionnelle simple et puissante :

En utilisant la respiration comme porte d’entrée vers le tronc cérébral, il serait possible de réguler l’activité du système SRA, de diminuer l’hypervigilance nocturne et ainsi de réduire les épisodes de bruxisme.

Ce levier, encore peu exploré en clinique, pourrait ouvrir la voie à des approches non invasives, intégratives, autonomisantes et responsabilisantes pour soulager durablement les patients.

Le Système ARAS est étroitement corrélé à la genèse du bruxisme. Respirer pourrait atténuer l'activation du système ARAS, et donc le bruxisme ?

Un exercice très simple que je propose aux patients est la respiration 1:2.

Peu importe la durée d'inspiration, l'expiration doit durer le double.

Si vous inspirez 4 sec, expirez 8 secondes.

Je vous invite à essayer sur plusieurs cycles ou au moins 5 minutes, en fermant les yeux, et de ressentir ce que cela vous fait.

Observez l'état dans lequel vous êtes.

Si vous testez cette technique, n'hésitez pas à me faire vos retours, ils alimenteront mes prochaines réflexions !


Respirer, c'est ce que nous faisons dans Sanctuaire.

Mais pas que.

Nous nous connectons également à de belles émotions.

Alors si cela te dit, tu peux nous rejoindre ! :)

Je rejoins

Une participante m'a fait son retour d'expérience de la première séance de Sanctuaire. Gratitude.

Références

  1. Lavigne GJ, Khoury S, Abe S, Yamaguchi T, Raphael K. Bruxism physiology and pathology: an overview for clinicians. J Oral Rehabil. 2007.
  2. Sforza E, et al. EEG and cardiac activation during sleep in sleep bruxism. Sleep. 2004.
  3. Hugelin A, Cohen MI. The reticular activating system and respiratory regulation in the cat. Am J Physiol. 1963.
  4. Smith JC, Abdala AP, Koizumi H, Rybak IA, Paton JF. Spatial and functional architecture of the mammalian brain stem respiratory network: a hierarchy of three oscillatory mechanisms. eLife. 2013.
  5. Zaccaro A, Piarulli A, Laurino M, et al. How breath-control can change your life: a systematic review on psycho-physiological correlates of slow breathing. Front Hum Neurosci. 2018.
  6. Jerath R, Edry JW, Barnes VA, Jerath V. Physiology of long pranayamic breathing: neural respiratory elements may provide a mechanism that explains how slow deep breathing shifts the autonomic nervous system. Med Hypotheses. 2006.