Et si la qualité de notre vie dépendait uniquement d’une chose : notre capacité à assumer cequi nous revient ?
Je m’intéresse depuis longtemps à ce que nous enseignent le développement personnel et la spiritualité.
Et puis un jour, j’ai réalisé que tous pointaient dans la même direction : vers un mot simple, mais profondément puissant.
La responsabilité.
Plus qu’un terme, c’est un principe de vie.
Une valeur que je m’efforce d’incarner au quotidien.
Il m’a fallu du temps pour le comprendre, pour l’intégrer.
Mais ce principe est, selon moi, à la source de toute vie, de toute action… de tout pouvoir.
Alors, j’espère qu’à la fin de ces lignes, vous aurez, vous aussi, envie d’en faire un pilier de votre quotidien, si ce n’est déjà le cas.
🎧 Le son de la lettre : Sit Around The Fire - Jon Hopkins, Ram Dass, East Forest
Je vais aborder ce que nous dit la science moderne de la responsabilité, puis ce que les sagesses ancestrales nous enseignent.
Bien évidemment, vous vous doutez de ce qui m’inspire.
Il y a, je trouve, une tendance à l’ouverture d’esprit vers un monde en cohérence, pour échapper à cette dissonance entre société savante et société de nature.
Et intégrer ces sagesses dans notre quotidien constitue un retour à l’essentiel.
Un retour juste.
Alors, que dit Wikipédia ?
La première définition que l’on peut trouver est :
La responsabilité est le fait qu’une personne réponde de ses actes, les assume, en supporte les conséquences du fait de sa charge ou de sa position.
Et, si la situation n’est pas grave, elle ne demande que de l’aide à elle-même.
C’est aussi la charge ou la mission confiée à quelqu’un par une autorité, devant laquelle il doit répondre de ses actes.
Jusque-là, ça me semble être une définition très Larousse.
Mais ce n’est pas ce qui m’intéresse le plus, bien qu’elle apporte des notions très classiques.
On ne parlera pas ici de responsabilité civile ou juridique : ce n’est pas le propos.
“Je suis responsable de ce que je fais, de qui je suis et de ce que je ressens”
C’était un de mes mantras de 2024.
Sur un plan plus philosophique, il y a eu une proposition de changement de paradigme en 1979, par le philosophe contemporain Hans Jonas.
Il ne définit plus la responsabilité comme une réponse à des actes passés, mais comme une réponse à ce qui nous est donné.
« Il y a encore un tout autre concept de responsabilité qui ne concerne pas le calcul ex post facto de ce qui a été fait, mais la détermination de ce qui est à faire ; un concept en vertu duquel je me sens responsable non en premier lieu de mon comportement et de ses conséquences, mais de la chose qui revendique mon agir.» - Hans Jonas
Finalement, la responsabilité n’est plus corrélée au produit de l’action, mais au désir qui sous-tend l’action.
L’intention que nous mettons dans l’action est ce qui va conditionner le résultat… et ce qui suit.
Prenons un exemple :
Lorsque j’offre un cadeau, deux cas de figure peuvent se présenter :
- J’offre ce cadeau parce que, socialement, c’est ce qui se fait.
- J’offre par plaisir d’offrir, car cela répond à un désir de partage.
L’action est la même.
Mais l’intention est différente.
La posture sera donc différente.
Et le résultat également.
« Agis de façon que les effets de ton action soient compatibles avec la permanence d’une vie authentiquement humaine sur terre. » - Hans Jonas
Dans notre société moderne, scientifique et technique — dite “savante” —, nous perdons peu à peu le sens profond de la responsabilité.
Elle est reléguée à une notion de pratique, de devoir juridique ou de morale sociale.
Dans les sagesses ancestrales, comme le yoga, le concept de responsabilité existait déjà, notamment en lien avec le Karma.
Sadhguru décrit la responsabilité comme étant la volonté qui dirige l’action.
(Karma est un livre que je ne peux que recommander.)
« Karma veut dire responsabilité ultime. Vous prenez même la responsabilité de votre naissance et de votre mort. »- Sadhguru
C’est une invitation à embrasser pleinement notre responsabilité personnelle —
non pas comme un fardeau, mais comme une opportunité de vivre une vie consciente et épanouissante.
Vivre une vie sans responsabilité reviendrait à vivre une vie limitée, sans liberté, sans capacité de réponse ni d’action.
Une vie conditionnée, vécue en réaction.
En prenant conscience de notre responsabilité, nous reprenons notre capacité d’agir, plutôt que de simplement réagir.
Nous reprenons notre pouvoir, notre liberté de choisir comment (ré)agir face aux événements.
« Le karma signifie simplement que nous avons créé le plan de notre vie. Cela signifie que nous sommes les créateurs de notre propre destin.
Quand nous disons “C’est mon karma”, nous disons en réalité “Je suis responsable de ma vie.” » - Sadhguru
Du côté du Taoïsme, la responsabilité est :
- un retour à soi pour écouter ce qui est juste,
- une cohérence avec la nature des choses,
- une action fluide, dénuée d’ego.
Le concept de Wu Wei incarne une forme profonde de responsabilité :
celle de cultiver une harmonie en soi, pour que les actions ne naissent pas du contrôle, mais de l’écoute du vivant.
« Agis depuis un état d’unité intérieure, et tes gestes seront justes. » - Lao Tseu
Cela signifie que la responsabilité commence en soi,
Par l’écoute de soi,
Par l’humilité…
Et par la conscience.
On retrouve également dans le confucianisme une responsabilité centrée sur l’humain, la société et le devoir moral.
C’est une philosophie du lien, du rôle, de la justesse.
La responsabilité commence par l’autodiscipline, la droiture et la réflexion.
Car on ne peut guider les autres qu’en étant juste soi-même.
C’est une responsabilité verticale : de l’intérieur vers l’extérieur.
« Le noble homme est exigeant envers lui-même ; l’homme vulgaire est exigeant envers les autres. » - Confucius
Au quotidien, je m’aperçois que nous vivons tous de manière non responsable.
Moi le premier.
Changer ma façon de vivre, de percevoir, demande un effort de chaque instant.
Au cabinet, de nombreux patients ne prennent pas la responsabilité de ce qui leur arrive, ni de ce qu’ils en font.
Attention, je ne dis pas que tomber malade relève de sa faute.
Mais la vie que nous décidons de mener en réaction est notre choix.
Combien de patients rejettent l’absence de résultats sur le praticien ?
Combien de praticiens rejettent les difficultés des patients, sans jamais se remettre en question ?
Très concrètement, être passif dans sa rééducation revient à dire qu’on ne prend pas ses responsabilités.
On ne réalise pas le travail nécessaire pour obtenir les résultats espérés, et on rejette la faute sur l’autre.
Il n’y a rien de pire.
C’est être dans le déni.
Parfois même dans le déni d’être dans le déni.
Face à ce type de situation, j’avais pour habitude de me remettre en question :
Mon discours était-il mauvais ?
Mon approche était-elle peu convaincante ?
Mon bilan, mes connaissances étaient-ils trop limités ?
Pourquoi y avait-il si peu d’adhérence ?
Beaucoup de questions me traversaient l’esprit.
Je me suis beaucoup formé, j’ai lu, étudié des recherches, des textes, des livres.
Et si cela m’a permis de comprendre que j’étais encore loin de tout savoir… Je continuais à porter l’échec sur mes épaules.
Aujourd’hui, je sais que je prenais leur responsabilité, sans leur offrir la possibilité de prendre la leur.
Je ne leur offrais pas l’espace nécessaire.
Aujourd’hui, plutôt que de convaincre, je propose et j’inspire.
J’offre un espace d’évolution, une porte permettant un retour à soi.
Et ce n’est pas à moi de leur faire franchir le seuil.
Je leur tends simplement la clé.
Ils sont les maîtres de leur vie, après tout.
Je vois cela également lors des séances de breathwork.
Pour contextualiser, il existe une phase d’activation respiratoire, pendant laquelle un participant peut libérer une émotion, exprimer un non-dit… de multiples façons.
Et cela peut déranger un autre participant.
Ce dernier se referme alors. Trop pudique ou trop touché par ce qui se dégage.
À mon sens, cette attitude traduit un refus de responsabilité.
Les émotions perçues résonnent avec sa propre souffrance.
Et puisque c’est dans l’inconfort que les choses bougent, décider de fermer la porte à ce qui émerge, c’est se refuser la possibilité de changer.
J’entends souvent :
« C’était trop d’entendre les pleurs ou les cris. »
J’aime prendre le temps de regarder ce qui sous-tend ces propos.
On peut voir ces libérations comme des catalyseurs, aidant le voisin à entrer en résonance.
Ou on peut dire que « c’est trop », qu’on est trop sensible à ce genre de situation.
Pour moi, ce sont des histoires que l’on se raconte pour se protéger.
Un mécanisme de défense, construit pour ne pas souffrir.
On choisit de vivre l’expérience de l’autre, on prend sa responsabilité, sans prendre la nôtre.
Alors on se ferme, on se protège, et on décrit l’expérience comme “trop”, en rejetant la faute, subtilement, sur l’autre.
Mais c’est normal : nous sommes tous conditionnés à fuir la souffrance.
Dans son livre Let Them Theory, Mel Robbins intègre aussi ce concept de responsabilité.
Par exemple, si une habitude de votre partenaire vous agace, lui laisser l’opportunité de s’exprimer et de vous montrer qu’elle a envie de changer…
C’est lui redonner son pouvoir de responsabilité.
C’est la rendre responsable de son acte.
De son désir de changer. Pour vous.
Et accessoirement, de vous montrer son amour.
C’est en lui redonnant ce pouvoir que l’intention peut produire de belles choses.
Prenons un exemple personnel :
J’avais pour habitude de laisser traîner mes chaussures à l’entrée, sans les ranger dans le meuble.
Cela contrariait ma femme.
Elle aurait pu me le reprocher chaque jour, ce qui aurait créé un conflit.
Elle m’aurait rendu responsable de son inconfort intérieur (colère, frustration…).
Mais elle a fait le choix de m’expliquer pourquoi cela comptait pour elle.
Même si cela restait un détail pour moi, elle m’a laissé la possibilité de prendre une nouvelle habitude.
Sans chercher à me changer.
Sans me contrôler.
Et finalement, c’est un jeu où les forces ne s’opposent pas.
Elles vont dans la même direction.
Ce que je retiens du concept de responsabilité, c’est surtout son lien étroit avec la liberté.
Et avec le pouvoir que celle-ci confère.