On peut voir sur tous les réseaux sociaux que le breathwork est un outil puissant de libération émotionnelle, de régulation du système nerveux et de transformation personnelle.
Les études sur le breathwork sont encore très rares , mais le monde scientifique s'y intéresse de plus en plus pour ses potentielles implications thérapeutiques.
Ca tombe bien, je suis tombé sur une étude tout juste sortie à la rentrée.
Pour ceux que cela intéresse, l'article est en accès libre : https://journals.plos.org/plosone/article?id=10.1371/journal.pone.0329411
Je dois dire que cela a attisé ma curiosité. Je n'ai pas pu m'empêcher de le lire pour comprendre et affiner mon discours.
Et je dois avouer qu'une fois de plus, mon ego a voulu comprendre, savoir s'il avait raison d'avancer ce qu'il avançait.
Décortiquons tout cela ensemble.
Que nous dit vraiment la science ?
L'étude a analysé 42 participants expérimentés dans trois environnements différents :
- en Labo
- En ligne
- dans des tubes d'imagerie cérébrale
Les chercheurs ont mesuré :
- Les changements de flux sanguin cérébral régional par IRM
- La variabilité du rythme cardiaque (HRV)
- Les expériences subjectives via l'échelle 5D-ASC
Ce qui se passe dans notre conscience
Expérience subjectives.
Quel que soit l'environnement, la pratique de Breathwork a déclenché un état de conscience élargie, et particulièrement l'"Océanic boundlessness" (OBN)
J'ai dû faire une recherche google pour savoir ce que l'OBN veut dire. Je vous épargne la tâche.
Wikipedia donne une définition : Le sentiment océanique est une notion qui se rapporte à l'impression ou à la volonté de se ressentir en unité avec l'univers (ou avec ce qui est « plus grand que soi »). Ce sentiment peut être lié à la sensation d'éternité[1].
Cette notion a été formulée par Romain Rolland et est issue de l'influence de Spinoza. Il en parle pour la première fois lors d'une lettre adressée au philosophe Freud.
Plus tard, l'OBN va être repris par plusieurs philosophes et auteurs, pour finalement être repris dans les papiers scientifiques de psychologie cognitive.
Je vous invite à lire ce qui se dit sur l'OBN, notamment certains auteurs comme Eckhart Tolle qui en donne une traduction très poétique.
« Au-dessous du monde des perceptions sensorielles et de l'activité mentale, il y a l'immensité de l'être. Il y a une vaste étendue, une vaste immobilité, et une petite activité frémissante à la surface, qui n'est pas séparée, tout comme les vagues ne sont pas séparées de l'océan. »
— Eckhart Tolle, Le Pouvoir du moment présent, Ariane, 2000.
Ce qui se passe dans notre cerveau
Les corrélations neurobiologiques sont fascinantes :
- Réduction du flux sanguin dans la région de l'opercule pariétale gauche et de l'insula postérieure, impliquées dans la représentation de l'espace. Ce qui correspondrait à cette sensation d'unicité et de perte de limite spatiale ressentie.
- Augmentation du flux sanguin dans la région de l'hippocampe, de l'amygdale, impliqués dans le traitement des souvenirs et des émotions. C'est tout le système limbique qui se retrouve activé.
- Activation du système nerveux sympathique, mesuré à travers le relevé de la Variabilité Rythmique Cardiaque (HRV). Cette HRV est un indicateur de santé mentale et du fonctionnement du système nerveux autonome.
Pour l'anecdote, à mes débuts en tant que facilitateur de respiration, j'avais pour discours celui ci: "L'hyperventilation va inhiber notre cortex préfrontal, notre cerveau dit "logique" et activer notre système limbique, lié à nos émotions et nos affects."
Je ne vous en parle pas pour dire que j'avais raison, mais pour vous montrer que cette pratique consciente affute notre intuition.
Gardons l'esprit critique
Toute étude n'est pas infaillible. Et celle-ci n'échappe pas à la règle.
Nous avions là que des pratiquants expérimentés, capables de lâcher prise et de plonger dans l'aventure.
Il n'y avait également pas de groupe contrôle pour comparer les effets
On peut alors se dire que la respiration, comme toute autre discipline, demande à être pratiquée ,en volume et de façon encadrée.
L'importance de l'intention et du cadre
Selon moi, avec de la pratique, de la patience et de l'intention, la respiration consciente est un outil formidable, permettant d'ouvrir des portes vers un potentiel infini du corps et de l'esprit.
Mais attention, sans cette intention, elle ne devient qu'une prestation wellness et perd tout sens.
Je note également que ces effets sur le flux sanguin rappelle que le breathwork est ainsi déconseillé aux atteintes vasculaires.
Ces variations du flux, corrélées avec des troubles de tensions vasculaires pourraient être lourds de conséquences.
Pour conclure
Proposer du breathwork au plus grand nombre est louable à condition que l'intention derrière soit authentique.
Mais offrir un cadre sécuritaire, en veillant bien que les règles soient respectées reste le moyen le plus sûr de prévenir les risques et d'honorer la puissance de cet outil.
Cette étude ne fait que confirmer ce que les praticiens expérimentés savent intuitivement : la respiration consciente n'est pas qu'une technique de relaxation, c'est une porte d'entrée vers des états de conscience profonds qui méritent respect et accompagnement adapté.
Envie d'aller plus loin ? Vous pouvez me retrouver dans Sanctuaire où nous travaillons le pouvoir du souffle tout en douceur.